République Centrafricaine
La République centrafricaine tiendra des élections présidentielle et législatives le 28 décembre, alors que les préoccupations liées aux groupes armés ont entraîné une dépendance croissante envers la Russie pour la sécurité.
Le président Faustin-Archange Touadéra dirige le pays depuis 2016 et est considéré comme favori pour remporter un troisième mandat après qu’un référendum constitutionnel en 2023 a supprimé la limitation du nombre de mandats. Sa décision de se représenter a provoqué, plus tôt cette année, une manifestation de rue réunissant des milliers de personnes.
Touadéra est l’un des plus proches alliés de la Russie en Afrique, mais des tensions sont apparues cette année au sujet de la demande de Moscou de remplacer le groupe de mercenaires privés Wagner par l’unité militaire russe Africa Corps.
Parallèlement, des organisations de défense des droits humains ont exprimé leurs inquiétudes concernant la répression à l’approche du premier tour du scrutin, tandis qu’un important groupe d’opposition a promis de le boycotter.
Conflit avec les groupes armés
Ce pays enclavé d’environ 5,5 millions d’habitants est depuis longtemps en proie à des affrontements entre les forces progouvernementales et des groupes armés.
En 2013, des rebelles majoritairement musulmans se sont emparés du pouvoir et ont contraint le président à quitter ses fonctions. Un accord de paix a été signé en 2019, mais six des 14 groupes armés impliqués s’en sont ensuite retirés.
Selon Human Rights Watch, le gouvernement centrafricain a signé ces derniers mois des accords de paix avec des groupes armés, créant des conditions de stabilité inédites depuis des années.
"Grâce aux accords de paix, aux efforts de maintien de la paix de l’ONU et au soutien sécuritaire de Wagner et du Rwanda, le pays se trouve dans une situation plus sûre qu’au cours du dernier cycle électoral en 2020", a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale de l’ONG.
La mission de maintien de la paix de l’ONU, la MINUSCA, est présente depuis 2014. Elle compte actuellement environ 14 000 militaires et 3 000 policiers, qui aideront à sécuriser les bureaux de vote.
Le mois dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le mandat de la force d’un an, tout en indiquant que sa présence serait réduite en raison de contraintes budgétaires. La porte-parole de la MINUSCA, Florence Marchal, a déclaré à l’Associated Press qu’il n’était pas encore clair combien de Casques bleus quitteraient le pays avant l’élection, mais que cette réduction ne compromettrait pas la sécurité.
Tensions avec la Russie
La République centrafricaine est l’un des premiers pays où Wagner a établi des opérations, promettant de combattre les groupes rebelles et de rétablir la paix. Mais des désaccords sur la nature de la présence militaire russe ont jeté une ombre sur les relations avec Moscou.
En août, des responsables gouvernementaux et militaires locaux ont indiqué à l’AP que la Russie avait demandé au pays de remplacer Wagner par Africa Corps et exigeait un paiement pour tout service de sécurité supplémentaire.
Le gouvernement s’est montré réticent à accepter ces exigences, estimant Wagner plus efficace et préférant payer les services en minerais plutôt qu’en espèces, ont expliqué des responsables locaux plus tôt cette année sous couvert d’anonymat.
Wagner protège Touadéra et son gouvernement et l’a aidé à remporter le référendum constitutionnel qui a supprimé la limitation des mandats présidentiels. En échange, le groupe a bénéficié d’un accès aux riches ressources minières du pays, notamment l’or.
Le Rwanda également influent
La puissance régionale qu’est le Rwanda dispose aussi d’une importante présence militaire. Outre sa participation à la mission de l’ONU, 1 000 membres de ses forces spéciales ont été déployés après une attaque rebelle contre la capitale Bangui en 2021.
Cette présence s’inscrit dans la "diplomatie militaire" du Rwanda, selon Charles Bouëssel, analyste pour l’Afrique centrale à l’International Crisis Group.
En 2021, les deux pays ont signé des accords donnant au Rwanda, pays densément peuplé, un accès à des terres agricoles et à des concessions minières en échange d’un soutien militaire contre les groupes armés.
"Pour le Rwanda, la République centrafricaine est perçue comme une solution de repli potentielle pour ses intérêts miniers dans l’est du Congo voisin", a déclaré Bouëssel.
Le Congo, les États-Unis et des experts de l’ONU accusent le Rwanda de soutenir le groupe rebelle M23, qui a récemment lancé une nouvelle offensive meurtrière dans l’est du Congo. Le Rwanda nie ces accusations.
Inquiétudes concernant les irrégularités électorales
Le mois dernier, Human Rights Watch a averti que la crédibilité de l’élection était menacée, évoquant des listes électorales incomplètes et un personnel des bureaux de vote insuffisamment formé, notamment en dehors de Bangui.
L’ONG a également documenté ce qu’elle décrit comme un ensemble de tactiques administratives ayant entravé de manière disproportionnée les candidats de l’opposition.
Deux des figures politiques les plus connues du pays, les anciens Premiers ministres Anicet Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, ont été empêchés de se présenter jusqu’au 14 novembre, date à laquelle le Conseil constitutionnel a décidé de les autoriser à concourir à la présidentielle.
La principale coalition d’opposition, le Bloc républicain pour la défense de la Constitution, a annoncé en octobre qu’elle boycotterait l’élection, dénonçant un environnement politique inégal. Ni Dologuélé ni Dondra n’en font partie.
Selon des analystes, ce boycott, ainsi que la courte période de campagne laissée à Dologuélé et Dondra, devraient ouvrir la voie à une victoire de Touadéra et à un Parlement dominé par le parti au pouvoir.
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